LA BETE

Si tu es la Bête j’accepte de vivre quelques instants sous ton joug
Je viendrai à toi, aimantée par ton aura majestueuse
Je m’engouffrerai dans ta solitude
Mais tout a un prix.
Il faudra que tu lacères ma peau déjà ensanglantée, et que ta cruauté me fasse suffoquer de plaisir
Qu’enfin tu me donnes l’absolution de mes pêchés
Il te faudra bien du courage, pour m’écorcher inlassablement, et je promets de ne pas proférer des insultes infâmes contre le Monde et les Hommes
Sous l’avalanche de tes coups, je demeurerai muette, aveuglée par ta rage, sourde à tes cris déchirants
Je serai ton ultime exutoire
Transpercée
Sacrifiée
Crucifiée…
Si par malheur je décidais de rester dans ton ombrage, nous regarderons la clepsydre s’arrêter, et tu pourras sentir les battements de mon cœur ralentir
Et puis viendra un autre temps
A l’aube, mon acuité aura augmenté
Je flotterai comme l’éther, ivre et exaltée par ce carnage enduré
J’aurais goûté à ton absynthe sacrée, tu m’enlaceras suavement
Que tes mains se métamorphosent en velours et m’embaument
Communion de nos corps aguerris
Nos esprits glorieux s’élèveront vers le firmament
Enfin… Je respire enfin, enrobée de douceur
Ma vie dissolue sera jetée aux oubliettes
Resteront les effluves de nos délicats parfums charnels
Promets moi de m’enrober de louanges
Que ma détresse et mon agonie disparaissent dans l’abysse de ta voix suave
Que je sois pétrie par ta compassion
N’aies pas peur ma Bête
Cette nuit déchirante est de bonne augure
Elle saura sauver nos âmes corrompues, sois-en sûr.
Susanna Massa
Texte sublime. Quelle force!
J’aimerai être ta bête, pour toujours. Car lesimple fait fait d’être avec toi ne peut qu’humaniser n’importe quelle bête. Serais-tu un rédempteur des damnés?
Bise. Enz